La traversée du pont de glace à la manière d’antan
Par Lise Buteau
La conception du projet
À l’aube d’une nouvelle saison d’activités de la Société du patrimoine et d’histoire de la Côte-de-Beaupré, la naissance du projet de la Traversée du pont de glace à la manière d’antan prend forme lorsque deux de ses administrateurs se proposent d’animer la Société par des activités reliées à l’histoire et qui font bouger. L’un deux, devant la magnificence du Saint-Laurent, suggère de l’utiliser à ces fins. L’autre raconte que ses parents empruntaient le pont de glace durant l’hiver pour aller courtiser «de l’autre bord de la clôture.»
Comme ça, dans le salon du premier, en une chaude journée d’été du mois de juillet, celui-ci insiste pour que l’activité reprenne vie, malgré la réticence de l’autre devant l’ampleur du projet. Souhaitant alors inviter les gens de la Côte-de-Beaupré et de la grande région de Québec à une fabuleuse fête hivernale, il fallait surtout les inviter à se replonger dans le passé, à s’évader du quotidien des années 90 et … à sortir dehors.
Jadis, quoi de plus pittoresque sur la Côte-de-Beaupré que ces ponts de glace traversant le fleuve de sa rive nord jusqu’à celle de l’île d’Orléans; que ces allées agrémentées de sapins parfumés; que ces chevaux trottinant et tintant de leurs grelots; que ces fameuses et si chaudes «peaux-d’carrioles»; que ces spectaculaires carrioles ou traîneaux les uns plus beaux que les autres et faisant la fierté de leurs propriétaires; que ces cultivateurs venus y chercher la glace pour la conservation de la nourriture des gens du village; que ces gens grelottant autour d’un trou percé dans la glace dans l’espoir d’une pêche miraculeuse.
La première édition
Il ne fallait pas plus d’arguments pour que le projet de la traversée du pont de glace soit mis en branle. L’originalité et la fraîcheur du projet ont séduit les membres du conseil d’administration de la Société du patrimoine et d’histoire de la Côte-de-Beaupré qui, d’emblée, ont accepté d’être les organisateurs de l’événement. À cette fin, un comité a été mis sur pied en août 1996 en vue de la réalisation de la première édition de la Traversée du pont de glace à la manière d’antan qui a eu lieu le 9 février 1997, à L’Ange-Gardien.
Par souci de donner tout son sens historique à la Traversée, le comité avait prévu la tenue d’activités sportives d’antan sous forme de compétitions amicales visant à favoriser l’échange et la participation du public. Complémentaire, un centre d’interprétation des joies et rigueurs de l’hiver et du Saint-Laurent avait été aménagé au plaisir des fervents d’histoire et des plus curieux.
Enfin, par souci d’une plus grande envergure et crédibilité, le comité a pu compter sur la collaboration du Carnaval de Québec. Il va sans dire que le projet de la Traversée du pont de glace à la manière d’antann’avait pas la prétention de concurrencer la grande fête du Carnaval. Néanmoins, une telle activité rejoint, nous le croyons, la philosophie du Carnaval de Québec. N’est-il pas vrai que le Carnaval de Québec, est le rendez-vous de toute la famille pour une grande fête de l’hiver. C’est le carrefour des arts, de la culture, du sport et du divertissement où les touristes du monde entier sont conviés. Pour cette raison, la Société du patrimoine et d’histoire de la Côte-de-Beaupré invite le Carnaval de Québec à rayonner dans notre belle région et sur notre majestueux Saint-Laurent.
La deuxième édition
La première édition a attiré plus de trois mille personnes. Grâce à la collaboration entre le Carnaval de Québec et notre Société et à la participation financière obtenue du Fonds de développement touristique qui a permis un budget plus conséquent, la deuxième édition de la Traversée du pont de glace à la manière d’antan, tenue les 7 et 8 février 1998, a connu un succès plus méritoire encore. En effet, c’est plus de 5 000 personnes de tous les coins du Québec qui se sont déplacées sur la Côte-de-Beaupré. Tout près du double de l’année précédente.
Échelonnée sur deux jours, la deuxième édition comportait une nouveauté qui connut un succès retentissant et éblouissant, disons-le : la Traversée fanaux et flambeaux, une traversée du pont de glace en carrioles à la seule lueur des flambeaux. Aux 5000 visiteurs se sont joints quelques centaines de motoneigistes. Il fallait voir les motoneiges alignées sur le pont de glace. On aurait dit un salon de démonstration.
Une autre nouveauté s’ajoutait au menu : La veillée traditionnelle. Activité qui devait compléter la traversée fanaux et flambeaux, elle connut une participation limitée faute de publicité. La température clémente a incité les gens à demeurer sur le pont de glace malgré la grande qualité du spectacle. En effet, la troupe de danse Migrations a néanmoins réussi à égayer la centaine de participants présents. Le «fun était dans ‘a cabane» quand même.
La troisième édition
Dans le cadre de sa troisième édition qui a lieu les 6 et 7 février 1999, la Société du patrimoine et d’histoire de la Côte-de-Beaupré souhaite encore une fois augmenter la participation. Au programme, les mêmes activités que les années précédentes auxquelles s’ajoutent le déjeuner des maires de la Côte-de-Beaupré et de l’Île d’Orléans. Qui sait, peut-être favoriserons-nous à nouveau l’époque des fréquentations, le temps d’un repas. Les Forces armées canadiennes arrivent également en grand renfort sur le site de Place de la Traversée. Pour couronner le tout, la comédienne Marie-Christine Perreault a accepté la présidence d’honneur de cette édition. Nous en sommes vraiment très heureux. Elle effectué un travail remarquable de même que tous les collaborateurs, les bénévoles et les administrateurs qui ont mené à terme cette fabuleuse aventure.
La quatrième édition
Bien qu’elle rencontré un franc succès puisqu’elle a attiré plus de 10 000 participants, ce fut l’une des dernières.
Le manque de collaboration du climat n’a pas permis la prise d’une glace suffisamment sécuritaire pendant quelques années consécutives, ce qui a provoqué l’arrêt de cette activité. Entre temps, les droits de la Traversée du pont de glace à la manière d’antan ont été remis à la municipalité de L’Ange-Gardien. Si les hivers rudes qui sont la carte de visite de Québec nous revenaient, la traversée du pont de glace referait surface.